Et si la vague de clowns qui font peur et qui se propage à travers l’Europe – avec plusieurs cas signalés en France, en Italie, en Angleterre et de l’autre côté de l’atlantique aux Etats-Unis, était le début d’une nouvelle légende urbaine ? Nés à quelques semaines d’Halloween, combien de temps encore ces clowns continueront-ils de sévir ?
Si l’origine du mouvement actuel n’est pas totalement connue, en revanche l’apparition des clowns effrayants ne date pas d’aujourd’hui. En effet, pour bien comprendre ce phénomène qui pourrait sembler spontané, il faut remonter aux origines même de la création du clown.
Personnage issu de la culture populaire, le clown, à sa façon de se costumer et de faire rire, renvoi à une certaine folie de l’être humain. D’ailleurs, pour la petite histoire, le premier à porter le costume du clown tel qu’on le connait, l’anglais Joseph Grimaldi, au XIXème siècle, souffrait de dépression et de problèmes d’alcools.
Mais le cas le plus marquant est celui de ce tueur en série américain au costume de clown, en 1979, qui fut condamné pour le meurtre de 33 hommes. Celui-ci avait pour habitude de s’habiller ainsi, lorsqu’il allait divertir des enfants malades dans les hôpitaux.
Dans la bande-dessinée, ce sera le personnage du joker qui sera probablement le plus représentatif du clown criminel. Pire ennemi de Batman, la première apparition du Joker, maitre du crime, intelligent, voire psychopathe, remonterait à 1940. Porté à plusieurs reprises au cinéma, le joker sera tour à tour joué par Jack Nicholson dans la version de Tim Burton, puis par Heath Ledger dans la trilogie de Christopher Nolan. Ce sera d’ailleurs celui qui fera la performance la plus remarquable au point de voler la vedette à Christian Bale. L’année suivant la sortie du film « The Dark Knight: Le Chevalier noir, » l’acteur décédait à l’âge de 28 ans, victime d’une intoxication aigue. Il sera récompensé à titre posthume d’un Golden Globe, d’un BAFTA et d’un Oscar.
Néanmoins, celui qui créera probablement le clown le plus terrifiant de l’histoire, ce sera Stephen King avec son roman « Ca ». Récompensé du prix British Fantasy 1987, l’écrivain racontait la lutte entre sept enfants terrorisés devenus adultes et une entité maléfique connue sous le nom de Ça qui prenait la forme des peurs les plus profondes et dont la forme la plus connue était celle d’un clown nommé Grippe-Sou. L’adaptation pourtant édulcorée, en série télévisée dans les années 90, sous le nom de « It » (« Ca » en français) marquera les esprits.
C’est cette version qui aura probablement inspiré tous ceux qui aujourd’hui s’affublent d’un masque de clown au visage effrayant. Si pour un certain nombre, il s’agit plus d’une blague de potache d’un goût douteux, relayée sur les réseaux sociaux, en revanche, des faits plus récents ont marqué les esprits, les agissements des individus étant bien plus inquiétants. Ainsi, plusieurs cas de violences ont été enregistrés le week-end dernier dans le Sud de la France. Alors que dans un parking d’un lycée d’Agde, dans l’Hérault, 14 adolescents habillés en clowns et porteurs de pistolets, de couteaux et de battes de base-ball ont suscité l’émoi, à Marseillan, un jeune homme portant un masque de clown agressif a endommagé la voiture d’un automobiliste.
Ces attaques de clowns ont suscité une telle émotion, que plusieurs groupes se sont créés pour les dénoncer et les pourchasser. Mercredi 22 octobre, 5 personnes dont 4 mineurs armées d’une batte de base-ball, d’une matraque télescopique, d’un poing américain, d’un marteau et d’une bombe lacrymogène circulaient dans le centre-ville de Mulhouse pour chasser des clowns jusqu’à ce qu’elles finissent par être interpellées par les forces de l’ordre.
Ces récents évènements inquiètent tellement la police qu’elle n’a pas hésité à utiliser ses comptes Facebook et Twitter pour diffuser des messages préventifs du type « Si je croise un clown, je fais le 17». Confrontée également à la recrudescence de chasseurs de clowns armés, elle n’a pas oublié de signaler que toute possession d’une arme est passible d’une peine d’emprisonnement.
Mais ces recommandations suffiront-elles pour enrayer le phénomène ? Ou bien faut-il s’attendre à ce que la rubrique « faits divers » des journaux finisse par relater un acte bien plus sombre, à quelques jours d’Halloween ?