Le streetwear, c’est quoi ? Un style initialement inspiré par les sports de glisse qui part à la conquête de la scène hip-hop avec un mot d’ordre : liberté !Ce qui dans les années 80 se traduit par une mode XXL et le port des baskets obligatoire.
Du skateur au rappeur, la tendance est aux vêtements très amples où le baggy fait figure de pièce iconique. Né de l’imagination des stylistes français Marithé & François Girbaud, ce pantalon extra-large taille basse qui tombe sur les hanches devient un incontournable, surfant sur le succès mondial de la série Fame.
De même que l’uniforme pénitencier des détenus, il se porte sans ceinture, laissant apparaître le caleçon, coupé si lâche et si long qu’il plisse en accordéon sur les baskets impérativement sans lacets. Promue par les bad boys du rap et les riders, la tendance streetwear se répand comme une traînée de poudre. La mode n’est plus seulement réservée aux podiums mais s’invite dans la rue, réhabilitant le jogging, le sweat à capuche ou le T-shirt loose en jouant sur les matières et les accessoires.
Une décennie plus tard, le streetwear délaisse ses origines populaires et se place en orbite de la planète fashion avec de nouvelles égéries, des tissus plus sophistiqués, des rééditions limitées de grandes marques (l’emblématique Stan Smith d’Adidas ou la fameuse Nike Air, par exemple).
Lorsque les plus grands créateurs détournent les pièces phares des équipementiers sportifs lors des défilés, le bling-bling de 50 Cent laisse place aux looks plus structurés de Pharrell Williams.
Le slimmy, coupe ample de la taille aux chevilles, triomphe du baggy. Le sweat molletonné se porte maintenant cintré, où les griffes de luxe remplacent les logos surdimensionnés. On troque la casquette contre le fedora, un feutre volontiers adopté par les plus célèbres fashionistas. De Tom Ford à Alexander Wang, la haute couture s’acoquine avec l’école de la rue.
D’abord porté par un courant musical contestataire exprimant les revendications d’une jeunesse laissée pour compte, le streetwear se transforme en une vitrine stylistique d’un courant assagi, attaché à son bien-être autant qu’à son allure. Le streetwear des années 2000, sans trahir son image première, ne signe plus seulement l’appartenance à une communauté ou à un genre musical. Désormais, il réinvente une silhouette plus affûtée qui ringardise les anciens codes et propose une version en accord avec son temps, dite « casual », axée vers un plus large public, parmi toutes les classes sociales.
Oui aux baskets mais plus légères, des sneakers en cuir ou toile qui remplacent la chaussure de ville dans un monde où l’esthétisme se doit de rimer avec pragmatisme. Les designers repensent les matières et les formes du teddy, le légendaire blouson des universités américaines pour l’adapter aux dressings féminins. Le sac à dos revient à la mode, sauf qu’il véhicule une autre image, certes pratique mais nécessairement élégante, avec un soin particulier apporté au choix de matières nobles et aux sigles de prestige.
Bref, aujourd’hui, le streetwear, c’est chic !