A la rédaction de Street N’ Sports, nous souhaitons mettre en avant les artistes indépendants mais également les sportifs ou les sportifs qui pour nous méritent une mise en lumière. C’est le cas de boxe, qui malheureusement est très peu mise en avant par les médias . Les choses changent avec des chaines de télévision à l’exemple de Canal Plus, L’Equipe 21 ou SFR Sports. Mais il y a également du mouvement grace aux JO de Rio et à l’équipe de France de Boxe Olympique. Découvrez l’interview, du capitaine de cette équipe : Souleymane Cissokho.
Souleymane Cissokho, l’interview exclusive pour Street N’ Sports.
STREET N’ SPORTS : En quelques mots, qui est Souleymane Cissokho ?
SOULEYMANE CISSOKHO : Souleymane Cissokho, j’ai 25 ans, je suis membre et capitaine de l’équipe de France de Boxe Olympique. Je vis à Paris et suis sportif de haut niveau, et pensionnaire de l’INSEP depuis 2008. Mon club se nomme le Top Rank de Bagnolet.
Je suis étudiant en Master 2 à la Sorbonne. En parallèle, je suis le vice-président de l’association secteur sport éducation et ambassadeur des associations Giving Back et Pour une enfance. La question de l’éducation par le sport et de son accès au plus grand nombre a toujours fait partie de mes engagements. Encore plus aujourd’hui.
SNS : Depuis combien de temps es-tu dans la boxe et pourquoi avoir choisi ce sport ?
SC : J’ai découvert la boxe par hasard à l’âge de 14 ans. En effet, avec un groupe d’amis on voulait faire du sport (autre que le foot), il s’avère que l’un d’entre nous avait fait de la boxe et il nous a proposé de tous s’y mettre.
Du coup, je m’y suis inscrit et j’ai tout de suite aimé, les valeurs de respect mutuel (de soi mais, aussi de l’autre), de dépassement de soi, c’est un sport qui véhicule énormément de valeurs éducatives et sociales dont le travail et la persévérance sont essentielles pour réussir. Ce n’est pas par hasard qu’on l’appelle le noble art…
SNS : Quelques mots sur ton parcours lors des JO de Rio ?
SC : Je reste très satisfait de mon parcours lors de ces JO. Les choses n’étaient pas gagnées d’avance, la qualification elle-même est arrivée tardivement, l’année avait été difficile pour moi avec notamment des blessures. Et à Rio, avec mon tableau de compétition, je savais que ce serait très relevé. Et puis, je peux dire que je n’ai pas perdu aux JO, sportivement parlant. J’ai beaucoup appris et les gens nous ont beaucoup soutenus, énormément apportés. Ils ont fait vibrer nos cœurs, on a senti leur engouement dépasser les frontières et ça a contribué à rendre toute la team solide. C’est une expérience inoubliable. Et aujourd’hui je veux leur rendre et partager à chaque fois que cela est possible mon histoire, mon parcours, mes victoires ou les défaites. Je sais que je suis privilégié d’avoir pu vivre cette aventure sous les couleurs de mon pays.
SNS : Quel souvenir en retiens-tu ?
SC : Comme je le disais à l’instant, je reviens des JO avec pleins de bons souvenirs, il y avait une ambiance de folie dans cette Team Solide et en dehors 😉 . Les athlètes étaient une famille, les supporters sont venus nombreux. On a tous été portées par l’engouement des JO qui restent la compétition planétaire la plus suivie, magique !
L’avion du retour était top, il y avait une seule et même équipe de France sans distinction de sport, c’était un souvenir et une ambiance inoubliable.
SNS : Si tu pouvais revivre ton combat face à Kazakh Daniyar, que changerais-tu ?
SC : Je n’ai pas de regret, ni de choses à changer dans ce combat face au Kazakh Daniyar, j’ai respecté à la lettre les consignes de mes coachs. Malheureusement, le combat ne s’est pas fini mais bon c’est la loi du sport et je l’accepte.
SNS : Quels sont tes projets et prochaines échéances ?
SC : Je l’ai annoncé, je souhaite passer professionnel, j’ai connu toutes les compétitions en boxe olympique. Je souhaite en faire de même chez les pros afin de finir avec une ceinture mondiale. Je me suis déjà remis au travail et très vite, j’ai repris les entraînements à mon retour, un besoin et de nouveaux défis à relever.
SNS : Quel boxeur admire tu le plus et pourquoi ?
SC : Je n’ai pas d’idole en particulier, mais j’ai des boxeurs(e)s qui m’inspirent et dont j’apprends beaucoup en regardant leurs combats et leur parcours, notamment Mohammed Ali, Sugar Ray Lenonard et Andre Ward. Les trois ont un point commun : ils ont la classe et ce sont des boxeurs intelligents, de fins tacticiens, avec un vrai charisme.
SNS : Quels sont les titres musicaux qui te motivent le plus ?
SC : Vous allez rire, mais ce qui me motive le plus, c’est de penser aux jeunes qu’on aide via mon association, le son de leur voix, lorsqu’ils scandent mon nom, cela résonne dans ma tête comme une mélodie… et c’est ce que j’ai en boucle avant de monter sur le ring. C’est ça ma motivation, les enfants et leur sourire, c’est un booster irremplaçable.
SNS : A part la boxe, quel sport supportes-tu ?
SC : Heureusement que je ne fais pas que de la boxe (lol). J’aime faire des sports collectifs et les suivre de temps en temps à la tv, en dehors de ça, j’aime aller au restaurant, voyager, lire et donner de mon temps au milieu associatif. J’ai besoin d’être avec les autres et de profiter des moments de partage. Cela m’enrichit.
SNS : Un conseil pour les jeunes qui souhaitent se lancer dans la boxe ?
SC : La boxe est un sport très dur, il faut toujours croire en ses rêves, mettre tout en œuvre pour les réaliser en se donnant les moyens.
Il faut avoir une rigueur envers soi-même et se faire plaisir avant tout : « kiffez » !! Notre sport s’appelle le Noble Art alors soyez noble 😉 Et un grand champion, ce n’est pas que sur le ring, c’est aussi et surtout dans la tête : soyez de grands champions !
SNS : Un dernier mot pour finir pour notre magazine ?
SC : Pour finir, je tiens à vous remercier d’avoir pensé à moi pour l’interview. Je vous encourage dans ce que vous faite, on a besoin de plus de magazines comme le vôtre, mixer les thèmes, le sport et la culture et sortir des habituels préjugés. Bravo et continuez à nous donner de l’info sportive, culturelle en mélangeant les univers. C’est aussi ça le street spirit, une mixité qui laisse la place à tous de s’exprimer.
Photos de Stevan Lebras