STREET N’ SPORTS ; Bonjour Alisson, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
ALISSON JULIEN : Bonjour, je m’appelle donc Alisson, je suis issue de la région parisienne et vis à Toulouse depuis 2 ans et demi là où j’entreprends mes études de photographie à l’ETPA. Je suis actuellement en 3ème et dernière année de formation.
SNS : D’où te vient cette passion pour la photo ?
AJ : J’ai été attirée très jeune par la photographie, mon envie de faire de la photo est née lorsque j’ai commencé à fréquenter certaines galeries d’images et certains blogs entre autre. Je prenais un peu de tout et m’amusais souvent à faire des autoportraits (à défaut d’avoir des modèles). Je voulais imiter ce qui n’était pas imitable avec un petit appareil compact que je possédais (rire).
SNS : Quel est ton domaine de prédilection ?
AJ : Je me suis très vite éprise pour la photographie de mode. Voilà quelques années que je feuillette les magazines tels que Vogue, j’en ai une collection colossale et j’aime parfois me replonger dans les numéros sortis des années auparavant afin de puiser quelques idées. Mais depuis mon entrée à l’ETPA je me suis également intéressée à la photographie d’auteur, qui raconte quelque chose et qui parfois nous est personnel.
SNS : Tu préfères les photos en studio ou en extérieur ?
AJ : J’aime les deux. En mode « je travaille plutôt en studio », j’aime pouvoir prendre le temps de travailler ma lumière afin d’avoir le résultat attendu. Lorsque je suis en studio plus rien n’existe, je n’ai plus aucune notion du temps. J’aime également la photographie d’ambiance, celle en lumière naturelle, c’est ma façon de travailler lorsque je traite des sujets plus personnels.
SNS : Tu préfères les photos mises en scène ou naturelles ?
AJ : J’aime ce qui est naturel. Après, pour mon projet sur les troubles de l’enfance, je mets en scènes ces petites filles mais j’attends toujours le moment où elles ne vont plus jouer un jeu de rôle. Je les positionne et ensuite je laisse faire. Ça se joue parfois à peu de chose, un regard, un geste, quelque chose qui n’est pas contrôlé. Je travaille de la même façon pour mes portraits ou pour la mode.
SNS : Tu exprimes dans tes clichés des thèmes personnels qui relatent des troubles de l’enfance, et même des sujets tabous comme ton projet de photos de femmes atteintes du cancer, pourquoi cette volonté de ta part ?
AJ : Dès ma seconde année d’étude, j’ai eu ce besoin de raconter quelque chose. J’ai un peu de mal avec le reportage, même si ma formation m’a poussé à m’ouvrir aux autres. Cependant, j’avais besoin de raconter ce qui m’était personnel, ce que je n’ai jamais dit et ce que je garde au fond. Mon projet sur les troubles de l’enfance est le sujet le plus personnel que j’ai mis en place, et ma sincérité a souvent fait l’objet de critiques. Il relate mon comportement que j’ai eu en tant qu’enfant, mon renfermement, ma peur des hommes et le malaise qui m’absorbait lorsque j’étais en contact avec l’un d’eux. Le souci que j’ai rencontré étant enfant, c’est qu’il pouvait se passer n’importe quoi, je ne disais rien. Aujourd’hui beaucoup de choses doivent éclore.
Mon projet sur le cancer du sein m’est venu d’une expérience personnelle mais qui ne m’a pas touchée directement, ma mère a été atteinte il y a 1 an. Mon but était de vouloir montrer ce que l’on ne voyait pas dans les médias. Selon moi, on esthétise beaucoup trop ce qui est difficile à regarder, une manière de nous protéger de la réalité sans doute. J’avais ce besoin de vivre une expérience et d’aller à la rencontre de personnes qui avaient des choses à dire et à partager.
SNS : Peux-tu nous parler de ce projet ? Comment as-tu contacté ces femmes ? Comment s’est déroulé le shooting ?
AJ : Il s’agit d’un projet de portraits réalisé en studio. Je me suis beaucoup inspirée de la peinture pour ces portraits, en terme de lumière entre autre. Le projet final présentera 5 femmes, d’âges différents avec une expérience qui est propre à chacune. Elles ont toutes perdu un sein (ou parfois même les deux). Seulement vêtues d’un drapé de couleur, elles exposent la trace de leur intervention et parfois même les brûlures causées par la chimiothérapie. L’important est de capter un regard qui vous raconte quelque chose. Je crois que c’est le plus fort dans ces images. J’ai contacté ces femmes via Facebook, j’ai intégré un groupe privé où pleins de femmes atteintes du cancer du sein parlent entre elles, certaines recherchent des réponses à leurs inquiétudes et d’autres recherchent seulement des personnes à qui parler, qui peuvent les comprendre. Après avoir eu l’approbation de l’administratrice, j’y ai posté mon annonce et à partir de là, j’ai eu pleins de retours. Je prends toujours le temps de rencontrer les personnes avant la séance photo, la plupart n’ont jamais posé, c’est une relation de confiance qui est censé s’établir. S’il n’y a pas de confiance, ça ne peut pas fonctionner. Le shooting se passe toujours en douceur, je prends le temps de parler, un peu de musique, et c’est parti! Au départ, afin de les mettre à l’aise, je les fais poser avec seulement un haut de couleur sobre, le temps qu’elles s’habituent à la situation et qu’elles se sentent à l’aise. Une fois que je sens que la glace est brisée, la vraie partie du travail commence. Je leur positionne un drapé de couleur, je les dirige selon les positions et je leur parle en même temps. J’attends ce moment où la personne ne jouera plus un rôle, cet instant où le regard sera sincère. En ce qui concerne les clichés, je ne peux malheureusement pas en dévoiler, je peux éventuellement montrer une image exclusive qui servira à annoncer ma série mais qui ne fera pas parti de celle-ci.
SNS : As-tu un photographe qui t’inspire le plus ?
AJ : Je suis tombée amoureuse du travail de Sally Mann, une photographe américaine qui a réalisé des séries sur ses enfants. C’est beau, et chacun à sa propre perception. Elle a été celle sur qui je me suis le plus rattachée pour mon projet sur l’enfance.
SNS : Quel est le plus beau de tes clichés ?
AJ : Je ne peux pas dire qu’il y en a un seul mieux que tous les autres. Mais j’ai mes préférences pour chaque série. C’est souvent 1 ou 2 images qui me parlent le plus dans toute une série.
SNS : Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite ?
AJ : Je ne pouvais pas rêver mieux comme parcours scolaire, et malheureusement son terme arrive bientôt. La réussite et de belles rencontres seraient ce que l’on pourrait me souhaiter de mieux aujourd’hui.
SNS : Un dernier mot pour notre magazine ?
AJ : Merci pour cet intérêt. C’était une joie d’avoir pu parler de mon travail. En espérant pouvoir toucher la curiosité de certains. Bonne continuation à vous.
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