Lancée il y a deux semaines par une parisienne à la langue bien pendue, Cindy Mouly, l’application de rumeur Gossip a connu ces derniers jours une progression fulgurante avec plus de 10 000 téléchargements quotidiens. Sauf que, alors que sa créatrice dit avoir lancée cette application pour de jeunes adultes en mal de nouvelles croustillantes concernant leur entourage, c’est dans les cours de collèges et de lycées que Gossip a rencontré le plus de succès.
Inspirée de l’univers de la série Gossip, où de jeunes gens de la Upper East Side New-Yorkaise se retrouvaient les cibles d’un mystérieux corbeau qui balançait sur son blog des rumeurs les concernant, Gossip permet de poster des messages de 140 caractères maximum, visibles seulement une dizaine de secondes, en identifiant une ou plusieurs personnes qui seront la cible de ragots, à ses contacts téléphoniques et Facebook recensés par l’application. L’utilisateur anonyme peut aller même plus loin puisqu’il peut rajouter des preuves sous la forme de photos ou de vidéos.
Or, si pour les expéditeurs ce petit jeu peut sembler « fun », il en va tout autrement pour ceux qui sont concernés par les messages publiés. Résultat, les cas de harcèlements ont explosé dans les établissements scolaires en France depuis le lancement de cette application, causant parfois de graves traumatismes. Attaques sur le physique, sexualité, origine raciale, tout est bon pour colporter des ragots et s’en délecter.
Face à cette déferlante, des syndicats lycéens et des associations de lutte contre le harcèlement en milieu scolaire ont réagi en demandant la suppression pure et simple de cette application. Interpellée par la situation, la ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a demandé à tous les recteurs d’académie et aux chefs d’établissements des collèges et lycées, de signaler au procureur de la république, « tous propos injurieux ou diffamatoires proférés à l’encontre d’élèves ou de personnels ».
La polémique enflant, Cindy Mouly a fini par réagir en rendant l’application inaccessible temporairement et en réfléchissant à la mise en place d’un système qui permettrait non seulement de s’assurer que les utilisateurs ont bien 18 ans mais également de modérer de façon automatique les posts qui contiendraient du vocabulaire jugé diffamatoire.
« L’application qui démocratise les potins » connaîtra-t-elle le même sort que « Secret » ? En effet, après avoir fait beaucoup parler d’elle, l’application « Secret » avait fini par voir son nombre d’utilisateurs s’écrouler entrainant la fermeture de la société qui l’avait développée.