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Interview : Guéna LG

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STREET N’ SPORTS : Peux-tu te présenter en quelques mots ?
GUENA LG : Je suis français, DJ, producteur. Mon nom de scène, Guéna LG a commencé à circuler en 2001 grâce à un premier remix fait pour Sophie Ellis-Bextor sur le titre Take Me Home. Le titre s’est classé 2ème en clubs. Depuis, j’ai réalisé une cinquantaine de remixes pour de nombreux artistes internationaux, de Kylie à Lady Gaga en passant par Britney, Enrique Iglesias, Gwen Stefani, Hurts, Offer Nissim…
Depuis un an et demi, je sors également mes propres productions, et mon premier EP 6 titres « Momentum », vient de voir le jour. Je tourne en clubs, en France comme à l’étranger, également sur de nombreuses radios. Vous ne connaissez peut être pas mon nom, mais vous avez certainement du déjà danser sur un de mes remixes ou titres, sobre … ou pas !



SNS : Pourrais-tu tout d’abord nous résumer ton parcours artistique jusqu’à aujourd’hui ?
GL : Je n’ai quasi aucune notion de solfège, mais j’ai une très bonne oreille, j’ai fait de la chorale quand j’étais plus jeune et je suis autodidacte. La flute et autre pipeau insupportables au collège, ce n’était vraiment pas pour moi.
A l’époque, j’étais déjà un grand fan de dance music, au grand dam de mes parents qui vénéraient plus des artistes comme Brassens ou Barbara. J’ai donc commencé à faire de la musique sur mon ordinateur à l’âge de 14 ans. Malheureusement, les ressources du pentium 75 familial de l’époque étaient restreintes et ne permettaient pas de faire grand-chose. Le lecteur de disquettes se montrant fébrile, je me suis dirigé vers les platines vyniles et le DJing.
J’ai commencé à mixer pour mon plaisir, puis pour des soirées étudiantes. A 20 ans, je suis arrivé sur Paris, me suis acheté avec mes économies un nouvel ordinateur et j’ai repris la production. Premier remix pour Sophie Ellis-Bextor donc quasi par hasard, puis un grand nombre de demandes.
Si on cumule toutes les ventes de mes remixes, on parle de 6 millions de copies écoulées, dont un #1 au Japon avec mon remix de Poker Face pour Lady Gaga. J’ai également créé avec deux amis, les soirées Glam As You de 2003 à 2006. Ce fut une sacrée expérience, beaucoup de fous rires mais énormément de travail.

SNS : D’où te vient cette passion pour la musique ?
GL : Il y a toujours eu de la musique chez moi, à table, dans la voiture. Un de mes premiers cadeaux d’anniversaire fut un lecteur K7. Je faisais mes devoirs, plus jeune, en écoutant la radio en fond. Je n’ai jamais été télévision, j’ai toujours été musique, c’est ce qui me réveille, c’est ce qui m’endort. Je déprime quand je n’en écoute pas suffisamment, ça m’est quasi devenu vital.

SNS : Si tu devais définir l’univers de Guéna LG en trois mots …
GL : Noir mais toujours avec une lueur d’espoir. Un troisième adjectif : vocal, car pour moi c’est le plus beau des instruments et ce qui fait un grand morceau ou sublime un bon instrumental.

SNS : Tu as travaillé sur les remixes officiels de Lady Gaga, The Black Eyed Peas, Kylie, Mylène Farmer, en es-tu fier ?
GL : Bien évidemment, j’ai remixé la plupart des artistes que j’admire et qui ont marqué la pop culture au cours des dernières années. J’ai remixé 6 des singles de Lady Gaga, 4 pour Mylène Farmer, 5 pour Enrique Iglesias, peu de DJ’s peuvent revendiquer ce palmarès, je crois.
Ce fut surtout à chaque fois un bon moment et souvent des rencontres par la suite avec la plupart de ces artistes. La création est toute aussi importante que l’échange et les opportunités de rencontres qui en découlent.

SNS : Ton dernier titre en featuring avec Sophie Ellis-Bextor est intitulé « Back 2 Paradise », comment s’est passée ta rencontre avec cette artiste mondialement connue ?
GL : La première fois que je l’ai rencontré, c’était à Paris, en 2001. C’est quelqu’un de méfiant et franc, elle est ni dans l’excès ni dans le paraitre, donc au début je l’ai trouvé un peu froide. Et puis on s’est recroisé de nombreuses fois dans les mois qui ont suivi, jusqu’à ce qu’on commence à vraiment sympathiser, rire (elle est très drôle).
Elle avait juste besoin d’être en confiance, nous avons quasi le même âge et pas mal de points en commun. Depuis on a continué les collaborations sur les remixes, Murder On The Dancefloor, Get Over You… et on ne s’est jamais quitté. Elle me fait toujours signe quand elle vient à Paris, on s’envoi souvent des textos ou des emails. Je l’ai toujours adoré en tant qu’artiste, sa voix, sa plastique, son glamour, son côté décalé, c’est vraiment quelqu’un de super.
Quand j’ai commencé à réaliser mes propres titres, je me suis dit « ce serait formidable d’en faire un avec Sophie… sauf qu’il faudra que ce soit pour elle du « sur mesure ». Il y a donc eu deux singles, Brighter avec le groupe suédois Gravitonas et Stay Awake avec Bryan Rice, avant Back 2 Paradise.
Quand on a commencé à travailler sur l’instru de Back 2 Paradise, j’ai senti dès les premières notes, que ce titre était taillé pour elle. Il y a plein d’éléments qui sont très « Sophie », cette touche un peu dramatique du morceau, mais festive, les références aux sonorités baléariques (nous adorons l’un comme l’autre passer du temps à Ibiza)…
Je lui ai envoyé un email en lui proposant de collaborer avec moi sur le titre. Elle m’a répondu en quelques heures « oui, j’adore, on le fait ». Nous avons passé deux jours en studio avec elle à Londres pour finaliser nos idées et enregistrer les voix, puis fini l’ensemble entre Paris et Tel Aviv, avec Amir Afargan.

SNS : Tu viens également de sortir un EP, peux-tu nous en parler ?
GL : C’est un six titre qui s’intitule « Momentum », en référence à ces instants précis dans la vie où l’on se sent prêt pour passer à l’action, où tout les éléments sont réunis pour prendre une décision.
Il m’a fallu du temps pour passer du remix à la composition originale, me jeter en quelque sorte dans le vide. Cet EP m’a demandé 18 mois de travail tout simplement car je ne voulais dessus que des titres forts et aboutis, pas de titre de « rattrapage » ou des instrus.
Chaque titre a un thème et une ambiance particulière, avec une attention certaine sur les paroles et l’histoire véhiculée.
Brighter ou Back 2 Paradise sont des titres sur l’espoir et la nécessité d’aller de l’avant, même quand ça ne va pas. Les sonorités de ces deux titres sont estivales.
Stay Awake aborde le thème de la perversion, la capacité de l’être humain à être attiré par des gens, des choses, des situations qu’il sait, dès le départ, nocives pour lui. Le thème principal du morceau à quelque chose de pop/rock années 80.
Take Me Home est un constat sur notre manière d’utiliser les réseaux sociaux. Nous nous sentons proches de pleins de gens qui sont loin, et nous éloignons parfois de gens qui sont réellement proches.
Sun On Earth sample le thème du film Das Boot réalisé par l’Allemand Wolfgang Petersen, en 1981, avait été rendu célèbre en 1996 par le groupe de dance U96. C’est un clin d’œil à mon adolescence et un titre qui parle d’amour, dédié à la personne avec qui je partage ma vie. La partie vocale est assurée par Susana, qui est une de mes chanteuses préférées et une référence en matière de trance music, connue notamment pour ses collaborations avec Armin Van Buuren. Quand elle a accepté de collaborer avec moi, je pense que ce jour-là, j’aurais même décliné une offre de Madonna (bon, je vous rassure, elle ne m’a pas appelé ;-).
J’ai également repris sur Momentum, le titre « Ti Sento » de Matia Bazar. Ce standard italien des 80’s a une particularité, la voix de sa chanteuse initiale, Antonella Ruggiero, est inimitable. Personne ne chante le titre mieux qu’elle. Résultat, c’est elle que j’ai contacté pour rechanter le titre, quasi 30 ans plus tard. Cet EP a été avant tout un excellent moyen de rencontrer du monde, m’ouvrir, voyager. Les réactions sont toujours surprenantes.
Brighter a été Top 10 en Grèce l’été dernier, Stay Awake, mon premier titre classé dans le Billboard aux US … J’ai hâte de voir la suite !

SNS : Que pouvons-nous te souhaiter de mieux pour la suite ?
GL : Que les bonnes surprises continuent d’arriver et surtout que ma musique plaise. De toujours prendre du plaisir et rire, c’est essentiel, même en ces temps parfois ternes.

SNS : Pour finir un petit mot pour les lecteurs de Street N’ Sports ?
GL : Profitez bien de vos vacances et faites l’amour, pas la guerre, ça ne sert à rien !