Actu MusicaleStreet N'Musique

Gisèle Pape, son nouveau Clip « Le Chant des Pistes »

streetnsports
Street N'Sports


Tel une ode aux grands espaces, le clip nous plonge directement dans l’univers du projet. Gisèle Pape apparaît seule et rêveuse dans un décor naturel, loin de l’agitation humaine. Avec poésie, elle semble progressivement ne faire plus qu’un avec les éléments.  



Repérée par La Souterraine et les Inrocks Lab, finaliste du Grand Zebrock et sélectionnée par le Mégaphone Tour et le Festival Fédéchansons, Gisèle Pape se voit rapidement proposer des premières parties pour Matthieu Boogaerts, La Féline, Alex Beaupain, Vincent Delerm ou encore Malik Djoudi. 

Qui est Gisèle Pape ?

De sa formation au conservatoire de Belfort où elle étudiait l’orgue liturgique, Gisèle Pape a gardé un solide bagage musical ; de son passage à l’école Louis-Lumière, où elle réalisait des films expérimentaux dont elle composait la bande-son, un goût pour le montage et le travail sur la matière sonore et visuelle, ainsi que pour une certaine forme d’artisanat convenant à son tempérament touche-à-tout. Après la fin de ses études, elle se consacre plus sérieusement à la musique et développe un univers visuel, atmosphérique et singulier où les chansons ne sont jamais la simple mise en sons d’un texte.

En 2016 sort Oiseau, premier EP réunissant six titres entre tableaux oniriques et ritournelles électroniques où transparaît l’influence de la fable. Rapidement repérée par La Souterraine et les Inrocks Lab, finaliste du Grand Zebrock et sélectionnée par le Mégaphone Tour et le Festival Fédéchansons, elle se voit bientôt proposer des premières parties pour Matthieu Boogaerts, La Féline, Alex Beaupain, Vincent Delerm ou encore Malik Djoudi, rencontré au théâtre Chaillot alors qu’elle interprétait les chansons composées par lui pour le spectacle du chorégraphe Pierre Rigal. Oiseau l’entraînera dans plus de cent concerts qui influeront son rapport à l’écriture et à la composition, liant le corps à la musique.

C’est riche de cette expérience scénique que Gisèle Pape écrit et compose le successeur d’Oiseau. Caillou, son premier album, trouve ses racines dans la dureté du contexte social de ces dernières années, ainsi que dans la prise de conscience du dérèglement climatique qui menace la planète. Si Oiseau était un huis-clos tourné vers la rêverie, Caillou s’ouvre sur les grands espaces et le monde qui nous entoure. Le ton est donné dès les premières secondes, dans les bruits d’orage et d’insectes qui ouvrent Le chant des pistes, envoûtante méditation sur les transformations successives des paysages au fil du temps, sur la trace que nous garderons des époques disparues ou amenées à disparaître. Le vocabulaire de la nature et des éléments est omniprésent sur l’album, de la rencontre poétique avec un serpent invitant à la mue personnelle, Serpent Lune, à l’évocation hypnotique et oppressante de la catastrophe de Tchernobyl, dont les habitants contraints à l’exil n’ont perçu qu’une pluie noire et des forêts qu’on enterre, Soleil Blanc.

La question du lien – avec les autres, la nature ou le corps social – traverse l’album comme un fil rouge. Luciole conte la magie fugace d’une rencontre sans lendemain, où les ombres sont éclairées l’espace précieux d’un instant ; Peau fine traduit une hypersensibilité au monde qui résonne jusque dans la chair ; À l’heure où la lumière dort, fragile berceuse révolutionnaire, espère l’unisson des corps face à l’oppression. Les Nageuses à la cadence effrénée et au refrain entêtant évoque les athlètes est-allemandes des années 70 transformées en machines à gagner des médailles, adulées en même temps qu’on les brisait. Si la voix qui porte les chansons est cristaline dans sa douceur, c’est avec assurance qu’elle questionne notre rapport à ce qui nous entoure et traque la beauté des instants et des échanges qui font la richesse de nos vies. Comme Oiseau, Caillou joue sur le hors-champ évocateur d’une musique avant tout visuelle où les synthés sculptent les décors que les mots viennent habiter, soulignés ici d’une guitare électrique, là de chœurs murmurés ou de bruits enregistrés suggérant un paysage. Loin de souligner simplement le chant, les sons racontent leur propre histoire entre les mots et derrière eux, dévoilant des émotions cachées. Si l’on retrouve intacts l’univers et la voix découverts sur le premier EP, Caillou met davantage l’accent sur la rythmiques et les basses, sur une plus grande immédiateté dans les textes, une plus grande concision dans les refrains.

Comme à son habitude, c’est en solo que Gisèle Pape a conçu, arrangé et réalisé ces dix morceaux. Tout au long de l’enregistrement et du mixage, elle a sollicité le regard extérieur de Xavier Thiry (réalisateur/arrangeur pour Fishbach ou La Féline) afin qu’il l’aide à tendre dans la direction souhaitée : celle d’un album plus pop dans ses structures, plus rythmique et plus incarné, où la voix trouve son juste espace au sein d’une riche matière musicale.

Caillou est à l’image de son titre, ce mot minuscule en apparence, solide et terrien, qui se déploie dans la tête de l’auditeur pour y faire naître des histoires. Si les thèmes abordés sont parfois sombres, les chansons tendent vers une forme d’espoir en explorant la place que nous choisissons d’occuper ici et maintenant et les espaces de rêverie que nous pouvons y construire. Caillou est un pont tendu entre hier et demain, entre villes et plaines, entre l’intime et le monde : un bel album lumineux porté par un souffle poétique, auquel se réchauffer dans les heures difficiles.